La Société géographique égyptienne est l’association la plus ancienne au-delà de l’Europe et des Amériques….

La Société géographique égyptienne est l’association la plus ancienne au-delà de l’Europe et des Amériques….

Cet article a été traduit par Hassan Badawy 

Révisé par Ghadir Tamer 

L’avancée scientifique en géographie, géologie et exploration était une des premières expériences égyptiennes visant à promouvoir la communauté scientifique arabe et africaine pour la participation de l’Occident.  Khédive Ismail Basha, dirigeant de l’Égypte, s’intéressait à l’époque aux recherches géographiques menées en Afrique, notamment dans les parties découvertes de l’amont du Nil. Il a émis donc un décret, le 19 mai 1875, créant la Société khédiviale de géographie au Caire. Cette société devait servir de maison d’archives pour les antiquités et les œuvres d’art, ainsi que de centre de recherche et d’exploration dans le but d’étudier la géographie avec toutes ses branches, de jeter la lumière sur les pays africains et d’y organiser des efforts d’exploration. On y a dédié une subvention annuelle de 400 livres égyptiennes.

 

Les sessions de cette société se tenaient mensuellement, au cours desquelles le français a été adopté comme langue de correspondance, et la société publiait une revue scientifique annuelle. Cette société était la neuvième société géographique spécialisée au monde. La première était fondée à Paris en 1821, suivie de la Société géographique allemande à Berlin en 1828, puis de la société royale de géographie à Londres en 1830, suivie de la Société mexicaine en 1833, ensuite celle de Francfort en 1836, de la Russie en 1845, des Etats-Unis en 1851, de Pernambuco en Brésil en 1863, et enfin la Société géographique égyptienne en 1875, ce qui en fait la plus ancienne société en dehors de l’Europe et des Amériques. Le premier président de la société était le botaniste et explorateur allemand Georg August Schweinfurth.

 

La société a participé avec une délégation officielle au deuxième Congrès international de géographie organisé par la Société de géographie à Paris en 1875. Depuis lors, la Société géographique égyptienne est devenue un membre fondateur de l’Union géographique internationale.

 

Le premier siège choisi pour l’association n’était autre qu’une salle dans la maison de Mohammed Bek al-Daftardar, épous de la princesse Zainab Hanem, fille de Mohammed Ali Pacha. Cette maison faisait partie de la maison de Mohammed Bek al-Alfi, qui a ensuite abrité Diwân al-Madâris, ensuite l’école d’Al-Alsun, puis l’hôtel Shepheard. En 1878, l’association a été déménagée dans un nouveau siège, remplaçant ainsi le tribunal mixte. Ensuite, elle a été déménagée dans un autre siège situé au point de rencontre de la rue Qasr al-Aini et de l’actuelle rue du Parlement en 1895. Ce bâtiment a été démoli pour être remplacé par une extension du Parlement. En 1925, elle a été déménagée dans son siège actuel, c’est le bâtiment historique datant du XIXe siècle, qui a été occupé pendant un certain temps par l’Agence du gouvernement du Soudan avant d’être affecté à la société en 1922. Ce bâtiment est enregistré comme un monument égyptien en raison de son architecture et de ses décorations artistiques uniques.

 

Le bâtiment du siège est composé de deux ailes et deux étages. Chaque aile contient des chambres et salles utilisées comme bureaux, bibliothèques ou salles d’exposition. Entre les deux ailes se trouve un hall établit sous la forme d’une salle de conférences. Ce Hall mesure 35 mètres de long, 24 mètres de large et 10 mètres et demi de hauteur. Son plafond est soutenu par 12 colonnes et est décoré par Brandani, qui a utilisé des modèles de décoration arabes du XIIe siècle. Ces décorations se composent de formes géométriques ornementales dominées par une couleur bleu foncé.

L’utilisation de certains espaces du bâtiment a changé plusieurs fois. Actuellement, le rez-de-chaussée abrite les salles du musée ethnographique, ainsi qu’une salle de réunion pour le conseil d’administration, la bibliothèque cartographique, le Africa Hall et le Canal du Suez Hall, en plus des installations et de l’entrepôt des imprimés. Tandis que le deuxième étage abrite la grande salle de conférence d’un volume de 438 sièges, ainsi que les deux bureaux du président de la société et du secrétaire général, la salle informatique et la bibliothèque du Dr. Suliman Huzayyin. Tous sont situées dans l’aile droite de la salle. Tandis que l’aile gauche est entièrement dédiée à la bibliothèque principale de la société, qui contient des références principales et des revues.

En 1925, la Société géographique égyptienne a organisé le douzième congrès géographique international, qui a eu un grand écho dans l’histoire de la géographie moderne et a contribué à l’émergence de nouvelles spécialités liées aux zones rurales et à l’urbanisme rural.

 

Le nom de l’association avait changé tout au long de son histoire, depuis 1875, en fonction des changements de régime en Égypte. Son nom a changé de la Société géographique khédiviale au 30 octobre 1915 pour devenir « Société géographique sultanienne ». Lorsque l’Égypte est passée du statut de sultanat à celui de royaume en 1922, le nom de l’association a changé à nouveau pour devenir « Société géographique royale égyptienne ». Son nom a été modifié après la proclamation de la République en 1953, devenant donc la Société géographique égyptienne.

 

Le rôle de l’association s’est étendu à la promotion de la géographie dans le monde arabe avec l’indépendance des pays arabes. En 1962, elle a organisé le premier congrès géographique arabe, lors duquel on a créé l’Union géographique arabe, que l’association accueille toujours. Elle a également collaboré avec d’autres associations géographiques arabes et a publié en 1967 la revue géographique arabe.

 

Selon son statut, la société est chargée d’étudier la géographie dans toutes ses branches, que ce soit en Égypte ou dans les pays africains, et de coordonner les efforts de recherche en publiant un bulletin qui présente les découvertes géographiques, les expéditions et les découvertes scientifiques en Égypte et en Afrique.

Le noyau de la bibliothèque était composé de deux mille cinq cents volumes offerts par le khédive Ismaïl à la société. Par la suite, l’association a reçu des cadeaux sous forme de bibliothèques de certaines élites et princes, y compris la bibliothèque de Mahmoud Pacha l’astronome, qui compte environ trois cents volumes, la bibliothèque du prince Haïdar Fadel, qui compte sept mille volumes, et la bibliothèque du prince Muhammad Ali Tawfiq, qui contient également sept mille volumes.

La porte des donations de bibliothèques privées n’a pas été fermée. Le Dr Suleiman Ahmed Hazzin a offert sa propre bibliothèque à l’association, tandis que le Dr Muhammad Safiuddin Abu Al-Az a fait don d’une partie de sa bibliothèque, comprenant plusieurs encyclopédies importantes et des sources statistiques modernes, à l’association. En plus de cela, d’autres institutions culturelles ont également fait des dons.

 

Ainsi, la bibliothèque de l’association regorge de précieux ouvrages anciens remontant à l’époque des explorations géographiques en Afrique, notamment dans l’amont du Nil. Ces livres patrimoniaux comprennent également un grand nombre de livres publiés sur la géographie du monde arabe, des pays islamiques et d’autres pays du monde en général. Il convient de mentionner que depuis le Congrès géographique international tenu en Égypte en 1925, la société géographique égyptienne s’est efforcée de mettre en œuvre un plan intégré visant à collecter et à préserver les ouvrages et les cartes anciennes et modernes de l’Égypte particulièrement et des pays arabes, africains et d’autres pays du monde généralement.

La bibliothèque abrite également des trésors de cartes et de photographies anciennes et modernes. Parmi les cartes précieuses publiées par l’association, on trouve une carte réalisée en 1877 pour répondre à la demande du khédive Ismaïl et qui résume les vastes explorations géographiques menées sous son règne, indiquant les routes empruntées par les explorateurs. Cette carte a été imprimée à une échelle de 6 000 000 : 1. Parmi les autres cartes rares détenues par l’association, on trouve des copies de cartes de l’état-major de l’armée égyptienne, comme la carte du Darfour dessinée par Purdy Pacha, une grande carte dessinée par Mahmoud Pacha l’astronome, et une carte du Nil dessinée par Gordon Pacha. En outre, il existe une collection rare de cartes offertes par le roi Fouad à l’association, ainsi qu’une autre collection de 250 cartes offertes par une des princesses.

 

En plus de ces cartes, la bibliothèque conserve l’Atlas du prince Youssef Kamal intitulé « Monumenta Cartographica Africae et Egypti », qui comprend des cartes anciennes rares de l’Afrique et d’autres pays du monde avec des commentaires. Parmi les autres atlas antiques, on trouve l’Atlas souterrain du prince Omar Toussoun et l’Atlas de la campagne française, ainsi que des centaines d’atlas locaux, arabes et internationaux portant sur divers sujets, objectifs et méthodes, tels que l’Atlas de la télédétection, l’Atlas du monde arabe de l’Union des universités arabes, et certains atlas nationaux publiés par des pays arabes et étrangers. Il convient de signaler que l’association est actuellement en train d’informatiser ses collections de livres et de cartes afin de faciliter leur conservation et leur diffusion au sein de la bibliothèque.

 

La vie quotidienne des peuples avait autrefois un goût spécial, reposant sur la capacité manuelle de l’homme à subvenir à tous ses exigences. Mais avec le changement rapide du mode de vie au cours du XXe siècle, nombreux métiers et coutumes ont disparu. Nous pouvons donc voir la vie des Égyptiens, leurs métiers, ainsi que les coutumes et les outils des Africains dans le musée de l’Association géographique égyptienne, qui a été inauguré en 1895.

 

Les collections de ce musée ont été amenées à travers les missions de la Société pour explorer et étudier les sources du Nil, ainsi que les cadeaux de géographes égyptiens et étrangers qui ont parcouru les différents pays du monde. La Société a élaboré un plan depuis 1928 afin de rassembler toutes les coutumes et traditions des habitants du Caire et de la campagne égyptienne.

Le musée comprend également cinq salles :

 

La salle du Caire

Cette salle comprend plusieurs ensembles, chacun représentant une forme spécifique de la vie ou des anciennes traditions du Caire. Parmi les éléments les plus amusants de cette salle, il en existe une section qui expose des outils de tabagisme, comprenant des «Gozas», un type des narguilés utilisé par le grand public égyptien, dont une avec un couvercle en cuivre incrusté d’argent.

 

À côté des « Gozas », il existe une collection de magnifiques narguilés utilisés par les riches d’Égypte. Certains sont en verre coloré orné de motifs de différents couleurs, et parmi ces narguilés, il en existe un en cristal transparent nervuré, et un autre en verre d’opale vert luxueux avec de belles décorations dorées.

 

L’un des coins les plus amusants de cette salle est le coin du café local, avec un dispositif de préparation des boissons, comprenant une tasse d’eau bouillante et des ensembles de thé et de café. Sur les étagères, il existe plusieurs gozas, des cafetières et des théières pour les servir aux clients, tandis qu’un banc en bois est prévu pour le poète qui racontait les contes populaires, devant ce banc se trouvent deux chaises en paille et une petite table avec une théière et deux tasses pour boire.

 

D’autres sections de cette salle, il existe également une section dédiée aux articles de rasage et de toilette. Les barbiers avaient une grande importance au Moyen Âge dans la plupart des pays du monde, en particulier ceux qui étaient liés aux personnalités influentes de l’État. Ils s’occupaient du rasage quotidien, de la teinture des cheveux, du lavage du visage et de la tête, puis de l’embellissement du prince et de sa préparation afin de rencontrer sa cour. Pendant ce temps, ils lui racontaient toutes les nouvelles de la ville. Ils prescrivaient également des médicaments et pratiquaient des petites opérations chirurgicales telles que la circoncision, l’extraction des dents et la pose de ventouses….etc !

 

Dans cette section, il existe un placard contenant des modèles de vieux rasoirs, une collection de bols qui sont placés autour du cou pendant le rasage et le lavage de la tête, ainsi qu’une succession de petites pinces pour l’extraction des dents et de petits ciseaux spéciaux pour la circoncision des enfants.

 

Les Égyptiens aiment également les arts sous toutes leurs formes, qui trouvent leur origine dans le patrimoine populaire. Le musée abrite une collection complète d’instruments de divertissement et de loisirs dont la plupart ont disparus. On y trouve des instruments de musique populaires tels que l’oud, le qanun, le riqq, la flûte et le rabâb. Il existe aussi des parcs d’attractions populaires connus sous le nom de « Sanduq al-Dunya » qui racontent l’histoire de « El Safira Aziza » l’ambassadrice Aziza via trente courtes images. À côté, il existe un modèle de marionnettistes rural avec ses poupées primitives. Le musée présente également un modèle complet de théâtres d’ombres qui racontait des histoires issues du patrimoine populaire. Il expose également des jouets pour enfants, notamment des poupées de Moulid (fête religieuse) fabriquées à partir des bonbons.

 

Lorsque l’éclairage électrique a été inventé, les paysages nocturnes de toutes les villes et villages du monde ont changé. L’Orient avait ses propres traditions et coutumes concernant l’éclairage, en particulier lors des fêtes, du mois de Ramadan, des processions et des mariages. Le musée présente de magnifiques outils d’éclairage, en particulier une collection de lanternes orientales en verre coloré. Parmi elles, il existe les lanternes de rue, qui se déclinent en trois types : le premier consiste en les grandes lanternes de rue suspendues devant les portes, dont le musée possède un grand nombre (environ 26 lanternes) d’une grande beauté et finesse quant à leur fabrication et les couleurs du verre. Le deuxième est celui des lanternes portées par les serviteurs pour accompagner les femmes lors de leurs promenades. Elles se composent de deux bases en laiton richement décorées, entre lesquelles se trouve un cylindre transparent en vélin qui peut être utilisé pour protéger la flamme située dans la base inférieure de l’air extérieur. Le troisième est une grande collection de petites lanternes avec lesquelles les enfants jouent pendant le mois de Ramadan. Elles sont simples, bon marché et en verre blanc et coloré. En outre, il existe également une collection de chandeliers, de bougeoirs et de niches utilisés pour l’éclairage intérieur des mosquées et maisons.

Le musée accorde une attention particulière aux costumes. À cette fin, il a rassemblé des photographies et des tableaux réalisés par des photographes et des voyageurs qui ont visité l’Égypte, ainsi que des maquettes exposant les vêtements portés par les habitants des différentes classes sociales, soient ouvriers, paysans ou ministres. Le musée conserve également des costumes féminins de toutes les régions d’Égypte, y compris la Nubie, le Sinaï, Siwa, la Haute-Égypte et les zones rurales du Delta. Il expose également des tissus brodés de soie ou d’or.

L’Égypte a accordé tout au long de son histoire une grande importance à ses fêtes, organisant de grandes processions auxquelles participaient des représentants des métiers et des industries, ainsi que des savants, des juges…. etc ! La plupart de ces traditions ont disparu, ne laissant que la procession de mariage « avec voitures » et l’observation du croissant lunaire du Ramadan, ainsi que la cérémonie du Wafa al-Nil, devenue symbolique après la construction du haut barrage.

 

La préparation de gâteaux à la maison était associée à ces fêtes, et le musée expose des modèles en plâtre ainsi que des moules en bois utilisés pour la préparation de ces gâteaux, des plateaux utilisés lors des festins de mariage.

 

 

 

 

 

Salle de l’artisanat et des industries

Cette salle comprend plusieurs ensembles de produits artisanaux égyptiens authentiques, en particulier les métiers artisanaux pratiqués par les Égyptiens, tels que la fabrication du cuivre, pour laquelle l’Égypte est célèbre depuis l’Antiquité. La salle expose la production de cette industrie, y compris les robinets et les vannes. Le visiteur remarquera que ces outils sont magnifiquement fabriqués avec une grande maîtrise artistique, même s’ils sont couramment utilisés. Parmi les objets exposés, on trouve une grande variété de mortiers et de pilons utilisés pour moudre les aliments, qui se distinguent par leurs formes et leurs tailles. Après l’industrie du cuivre, l’industrie du fer occupe une place importante en raison de son lien direct avec l’industrie de la guerre, en plus de la fierté des forgerons pour leur capacité à extraire et à façonner l’acier, puis à le décorer avec de l’argent et de l’or.

 

 La salle présente aussi de nombreux outils de forgerons en fer, y compris les outils de constructeurs, de sculpteurs de pierre et de menuisiers, ainsi que les propres outils de forge tels que l’enclume, les marteaux, les pinces, les serrures et les clés. On s’attardera devant les petites serrures exquises, équipées d’un mécanisme secret pour les ouvrir. La salle abrite également une section dédiée aux outils de fabrication de chaussures artisanales, ainsi que des exemples de leurs produits en cuir, réputés pour leur beauté et leur durabilité, notamment les différents types de chaussures tels que les sandales pour les Nubiens, les babouches pour les paysans et les chaussures pour les femmes. On trouve également des sabots de salle de bain décorés de nacres, ainsi que des sacs en cuir de différentes formes et couleurs.

 

La fabrication avec le bois s’est répandue, avec ses différentes techniques de tournage et d’incrustation de matériaux précieux, jusqu’à devenir une véritable œuvre d’art, alliant beauté et précision dans la fabrication. Le musée expose des modèles de l’école du Caire, l’une des écoles les plus importantes de cet art, qui a produit du bois marqueté, tourné, décoré et incrusté de différents textes écrits. Cette section présente des tours à bois, ainsi que leurs outils et leurs établis, et propose trois modèles de tours à bois et six panneaux en bois ornés de différents motifs de tournage et d’incrustation, allant du travail extrêmement précis aux grandes œuvres à moindre coût. Le musée possède également de magnifiques exemples d’objets en bois, dont le plus beau est peut-être le Takhtrawan du mariage, qui était utilisé pour transporter la mariée à la maison de son mari lors d’un cortège de mariage comprenant de nombreux jeux, musiciens et danseurs, ainsi que la famille de la mariée et du marié traversant les rues de la ville où les deux familles vivaient. Le Takhtrawan du mariage exposé est du type utilisé au Caire aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, puis cette tradition a disparu du Caire, mais a continué dans les campagnes jusqu’à récemment, lorsque les habitants des zones rurales ont commencé à utiliser des voitures et d’autres moyens de transport modernes.

 

Ce luxueux Takhtrawan est fabriqué à partir de bois précieux et se compose d’une spacieuse cabine avec deux portes et six fenêtres. Il était porté par deux bras, chacun mesurant 5 mètres de long, fabriqués à partir de bois épais et solide, soutenant la cabine à l’aide de deux puissants chameaux. La devanture du Takhtrawan comprend deux moucharabiehs, chacun comportant cinq faces, ce qui permet aux passagères du Takhtrawan d’observer le cortège de mariage et les jeux qui s’y déroulent. Les fenêtres et les moucharabiehs du Takhtrawan sont finement décorés de marqueterie. De plus, les cadres en bois sont ornés d’incrustations artistiques en ivoire et en nacre. Chaque coin du Takhtrawan est surmonté d’une tête de pion avec un croissant et une étoile, accompagnée de plusieurs couvertures richement décorées avec des coquillages, des miroirs et des cloches qui étaient placées sur les dos du Takhtrawan de mariage.

 

Parmi ces merveilles se trouve le trône de la mariée, qui est un magnifique siège individuel décoré utilisé exclusivement par la mariée. Il s’agit d’un siège à deux accoudoirs avec un dossier et un repose-pied, orné d’ivoire, de motifs, de dessins et de fleurs, recouvert de roseaux en bambou.

 

 

 

 

La salle rurale

 

La salle est limitée à un certain nombre de précieux ensembles représentant les coutumes et les traditions de la campagne égyptienne rurale, en particulier certaines traditions qui ont disparues et n’ont laissé aucune trace dans la vie des paysans. Parmi les sections les plus importantes de cette salle, il existe la section de poterie, qui contient des ustensiles décoratifs, y compris plusieurs jarres et cruches colorées utilisées lors des mariages ou des célébrations de naissance, ainsi qu’une collection de pots émaillés à l’intérieur, en plus des marmites utilisées pour la cuisson des aliments dans les fours et pour chauffer l’eau.

 

 Avec tout cela, il existe aussi des cheminées utilisées dans les régions rurales pour l’échauffement, avec des épis de maïs syrien utilisés pour allumer le feu. Mais les bols de boisson comprennent des jarres, des cruches, des gobelets et des bouteilles, tous fabriqués en poterie blanche ordinaire, généralement fabriqués à Qena ou dans la banlieue de l’ancienne Égypte, au Caire. La salle abrite également dix grandes amphores mesurant de 75 cm à 115 cm de hauteur, avec de larges trous et un corps presque sphérique, fabriquées en poterie épaisse émaillée à l’intérieur d’une couleur sombre, utilisées afin de conserver des liquides précieux tels que le beurre clarifié, l’huile et le miel…etc !  Elles sont magnifiquement fabriquées. Mais malheureusement, ces pots ont maintenant disparu.

 

Le musée avait déjà veillé à acquérir une collection de poteries d’Assiout, célèbres pour leur qualité, y compris les vases, tasses à thé et à café, plateaux et chandeliers. Cette poterie est fabriquée avec une grande précision artistique et polie avec une grande finesse sans aucun émaillage. C’était une industrie spécifique à la région d’Assiout et a complètement disparu aujourd’hui.

 

En raison de la culture répandue des palmiers en Égypte et de l’abondance de matériaux tels que l’osier et le jonc, les industries de l’osier ont épanoui afin de fabriquer des paniers, des nattes et des structures, ainsi que l’industrie du jonc pour fabriquer des cages à fruits et à volailles et des cordes en fibre de jute rouge. Parmi les plus belles exemples de cette industrie dans le musée sont les « Maragin », qui sont des récipients colorés en osier utilisés pour conserver les vêtements. Ces industries sont produites à Assouan et dans la région de Nubie.

 

Salle du canal de Suez

Cette salle a été inaugurée en 1930, après que la Compagnie du Canal de Suez avait décidé de faire don au musée géographique d’une salle contenant un grand nombre de documents, de photographies, de cartes et de maquettes résumant l’histoire du canal depuis son ouverture jusqu’en 1930.

 

 

 

La salle Afrique

Cette salle abrite une collection variée ; la première a été acquise par l’association grâce aux explorateurs et aux voyageurs envoyés en missions afin de découvrir les sources du Nil. Ensuite, des collections y ont été ajoutés, offerts par des officiers égyptiens qui ont servis au Soudan, ainsi que des artefacts provenant de l’Éthiopie, de la Somalie, de l’Érythrée et de l’Afrique centrale.

 

Dans la section des armes de la salle, il y a plus de 250 baïonnettes, dont 8 baïonnettes à lame en fer poli en forme de feuille d’arbre, munies d’un manche en bois provenant de la forêt, utilisées par la tribu de Bagara lors de leurs guerres. Les armes sont lisses, sans rainures ni irrégularités. Il existe également d’autres types de lances avec des lames complètement différentes, certaines avec des pointes effilées dans des directions opposées, ce qui rend l’extraction de la lame du corps impossible. Ce type d’arme était utilisé au Darfour et au Kordofan. La collection de poignards de la salle comprend une collection complète de poignards africains, avec leur forme distinctive, utilisés pour le lancer et appelés « Kilibida » par les tribus azandé.

 

Cette salle contient également plus de 50 boucliers fabriqués à partir de tous les matériaux disponibles en Afrique, allant des boucliers en paille aux boucliers en carapace de tortue de mer, considérés comme l’un des matériaux les plus durs, y compris les boucliers en peau d’éléphant, de crocodile et d’hippopotame. Les formes des boucliers varient aussi, allant du rond au rectangulaire en passant par l’ovale, et la décoration colorée des boucliers varie en fonction des tribus qui les utilisent, car chaque tribu a sa propre forme et couleur distinctive. Parmi les plus beaux boucliers de la salle, on trouve trois boucliers d’honneur offerts par l’empereur d’Éthiopie au musée, qui sont généralement utilisés lors des cérémonies officielles et des occasions spéciales, portés par les gardes impériales et ornés de morceaux de vitrine aux couleurs des pierres précieuses.

 

 

Il existe aussi une collection de meubles africains, qui se compose d’un certain nombre de sièges faits de tout un morceau de bois avec de belles formes différentes et est apporté de différents domaines tels que Mangitu, Bari, Ma’jangor al-Obanji et certaines régions du Soudan. Le visiteur note que les Africains utilisent le dossier de la tête, en particulier dans les tribus Nuer, Shalok et Dinka, Et que ces dossiers sont tellement similaires aux repose-têtes utilisés des anciens Égyptiens. Le musée porte trois lits d’origine soudanaise appelées Al-Anjarib, de Mengitu, dont l’un était à Monza, roi de Mengitu.

 

Le lit mesure 195 x 94 cm de long et au-dessus de la surface de la Terre 35 cm sur des pattes ornées. Il est fabriqué à partir de paille, de jungle durable et de cordes de fibres. Les articles ménagers occupent un coin important de la maison africaine. Nous voyons ici un groupe de plats, dont la plupart est fabriqués à partir d’un morceau de bois poli durable, dont certains sont de grandes tailles et peuvent atteindre 51 centimètres de diamètre, la paille a été utilisée dans la fabrication d’un certain nombre de plats et de couvercles coniques, ainsi que de grands plateaux pour le transport de la nourriture, dont certains ont été présentés dans la salle.

 

La salle dispose également d’une gamme d’instruments de musique africains, y compris une gamme complète de 8 tambours, utilisés dans de nombreuses occasions spéciales, notamment de grands tambours qui battent pendant la guerre et les attaques, ainsi qu’un grand tambour généralement fabriqué à partir de la coquille en bois du grand arbre, qui est vidé de l’intérieur, et utilisé spécifiquement pour transmettre des gestes et messages au-dessus des montagnes.

 La salle a des instruments à cordes, qui comprennent toutes sortes d’instruments de musique primitifs utilisés en Afrique, y compris deux harpe, qui ressemble exactement à l’instrument similaire que les anciens Égyptiens utilisait et qui a cinq cordes serrées sur une boîte acoustique. Utilisé dans les tribus Azandi, il existe également 2 machines similaires à la lyre occidentale. Mais ici, il est rudimentaire dans la forme d’un triangle avec six cordes sans clés, il est appelé Dalloukaa et utilisé par les chanteurs et les rowalons des tribus d’Al-Bachariyah, et à côté de lui 9 très belles cornes de différentes longueurs qui donnent chacun un ton différent de hauteur. Ces cornes sont faites de cornes d’animaux ou de défenses d’éléphants.