L’Égypte et le NEPAD

L’Égypte et le NEPAD

Cet article a été traduit par Arwa Ali et Zahraa Abd Alhakim 

Révisé par Ghadir Tamer 

Le NEPAD ou « le Nouveau partenariat pour le développement en Afrique », adopte la vision de l’Union africaine pour le développement économique et social du continent africain.

Cette initiative est une des tentatives les plus sérieuses pour développer l’Afrique et éradiquer la pauvreté. Elle repose sur un partenariat avec la communauté internationale et un partenariat régional entre les pays et les blocs économiques africains.

Il a été conçu et élaboré par cinq leaders africains, à savoir l’Égypte, l’Algérie, le Niger, l’Afrique du Sud et le Sénégal. Il a été approuvé par le Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Organisation de l’Unité africaine (l’Union africaine par la suite) tenu à Lusaka, en Zambie, en juillet 2001.

Le NEPAD s’engage à promouvoir l’agriculture et la sécurité alimentaire, la gestion des ressources naturelles et le changement climatique, l’intégration régionale et les infrastructures. Il s’appuie également sur des programmes d’action dans les secteurs du développement des infrastructures, du développement des ressources humaines, de la gouvernance économique et des partenariats.

Lorsque l’Organisation de l’unité africaine (Union africaine aujourd’hui) a été fondée, en vertu de la Déclaration d’Addis-Abeba du 25 mai 1963, son objectif principal était de soutenir les mouvements de libration africaine. En effet, de nombreux pays du continent étaient occupés, en particulier les zones occupées par l’Espagne et le Portugal. De plus, les Noirs d’Afrique du Sud souffraient de la discrimination raciale instaurée par le régime d’apartheid.

Au cours des deux premières décennies de son existence, l'OUA s'est concentrée sur la libération des pays africains encore sous domination coloniale. Cependant, l'émergence des États nationaux au fil du temps a modifié les objectifs de l'organisation. Avec l'indépendance de certains pays, des crises politiques, militaires et sécuritaires plus graves se sont apparues, menaçant l'existence de l’occupation, comme les guerres civiles au Congo, en Angola et au Tchad.

En raison du déficit économique de la plupart des pays du continent et de l’aggravation de la dette publique, l’organisation a été contrainte de réorganiser ses priorités pour s’adapter à la nouvelle réalité.

Depuis la fin des années 1970, les sommets africains ont marqué un tournant dans l’orientation de l’Organisation de l’unité africaine, passant de la lutte pour l’indépendance politique à la promotion du développement économique et social sur le continent.

En 1980, les chefs d'État africains ont adopté le plan d'action de Lagos, un programme de développement économique et social pour l'Afrique. Ils ont ensuite approuvé le Programme d'urgence de réforme économique en Afrique (URPEAA), en 1986, le cadre de référence africain pour les programmes d'ajustement structurel (CFAR), en 1989, et la charte d'Arusha pour la participation populaire et le développement, en 1999.   Cependant, toutes ces tentatives ont échoué. L'Organisation de l'unité africaine (OUA) a déployé des efforts pour élaborer une stratégie en raison de l'incapacité de l'Afrique à s’auto-développer de manière autonome et rapide. Par conséquent, l'Afrique a proposé un partenariat multilatéral pour obtenir le soutien international.

Tout cela a conduit les pays à lancer le Nouveau partenariat pour le développement en Afrique «NEPAD», après des consultations et modifications multiples des approches de développement proposées par une nouvelle génération de dirigeants africains. Ces derniers voient que le désir de libération politique de l'Organisation de l'Unité Africaine n'était plus suffisant dans le contexte de l'urgence du développement, du retard important du continent et de la marginalisation de son rôle au niveau international.

La plus importante de ces approches est le Partenariat pour le développement de l'Afrique, annoncé par l'ancien président sud-africain, Thabo Mbeki, lors des travaux du Forum économique mondial de Davos en 2001.

En janvier 2001, avant l'élaboration du plan Mbeki, le président sénégalais Abdoulaye Wade a annoncé lors du sommet de la Francophonie au Cameroun le "plan Omega" qui adopte sa vision de la "renaissance africaine". Les deux approches ont été fusionnées dans un nouveau plan baptisé "Nouvelle initiative pour l'Afrique" qui a finalement abouti au Partenariat pour le développement en Afrique (NEPAD). L'Afrique du Sud, le Sénégal, l'Algérie, le Nigeria et l'Égypte étaient les principaux défenseurs de ce plan, et Ils sont crédités pour l’adoption du plan par le sommet africain en 2001.

L'initiative vise à éliminer la pauvreté, réaliser un développement durable, répondre à l'exclusion du continent africain, autonomiser les femmes et intégrer l'économie africaine dans l'économie mondiale. Elle met également l'accent sur l’appropriation africaine du développement continental, la dépendance aux ressources propres, le partenariat entre les peuples africains, l'intégration régionale et continentale, le renforcement de la compétitivité des pays du continent et le partenariat avec les pays développés pour réduire le fossé entre eux. Le (NEPAD) atteint ses objectifs grâce à des programmes d'action qui fixent un certain nombre de priorités sectorielles, qui sont considérées comme les domaines d'activité du NEPAD pour atteindre ses objectifs. Ces priorités sont les suivantes : ramener la paix et la sécurité en Afrique, nommer un gouvernement politique et économique efficace, approfondir les concepts de démocratie et de respect des droits de l'homme, augmenter la productivité agricole et atteindre la sécurité alimentaire, développer le commerce interafricain, renforcer la présence des produits africains sur les marchés mondiaux, résoudre les problèmes environnementaux, développer l'éducation et la recherche scientifique

Le NEPAD a lancé deux initiatives pour mobiliser les ressources nécessaires à la mise en œuvre de ses programmes :

Initiative sur les flux de capitaux

L'initiative du NEPAD a estimé qu'il faudrait environ 64 milliards de dollars américains par an pour financer ses programmes pendant les 15 prochaines années. Bien que le document ait reconnu que l'augmentation des économies locales serait nécessaire pour combler cette lacune, il a souligné que la plupart des ressources devraient provenir de l'extérieur du continent. C'est pourquoi le NEPAD a concentré ses efforts sur trois axes principaux pour mobiliser des ressources extérieures :

  • La discussion de nouveaux plans pour réduire la dette extérieure
  • Des réformes élargies et innovantes entrepris dans la gestion de l'aide de développement pour en augmenter le volume et l'efficacité et liées à des conditions et obligations mutuelles entre l'Afrique et ses partenaires internationaux.
  • La promotion de l'afflux de capitaux privés étrangers en raison de son importance cruciale pour combler la lacune des ressources.

 

***Initiative pour l’accès aux marchés

Le NEPAD considère que l'augmentation des exportations africaines sur les marchés mondiaux est un point essentiel du processus de mobilisation des ressources. Le seul moyen d'y parvenir est de diversifier la production. Cette diversification se réalise par une bonne exploitation des ressources naturelles de l'Afrique, par des mesures et des réformes dans l'agriculture, l'industrie manufacturière, les mines, le tourisme et des services, ainsi que par le secteur privé. Il est également nécessaire de prendre des mesures pour promouvoir les exportations africaines et d'éliminer les obstacles non tarifaires qui les freinent sur les marchés des pays industrialisés.

Quant au contenu du « nouveau partenariat mondial » proposé par le NEPAD, il comprend deux aspects :

 La première est de préserver les nombreuses participations qui existent actuellement entre l’Afrique et les partenaires de développement, de les rationnaliser et d’en profiter.

 La seconde est de négocier sur une nouvelle relation avec les pays développés et les organisations multilatérales.  Ces nouvelles relations impliquent des objectifs et des normes de performance convenus entre les deux parties, ainsi que des responsabilités et obligations mutuelles.

 Le NEPAD confère aux pays développés et aux organisations multilatérales des responsabilités et des obligations dans certains domaines, parmi lesquels le document énumère douze domaines inclus dans le paragraphe (185) du document.  Et pour ces responsabilités et engagements, les dirigeants africains s'engagent, pour leur part, à mettre en œuvre les mesures contenues dans le chapitre trois du NEPAD (paragraphe 49).

 

 Mécanismes de mise en œuvre :

 

 La mise en œuvre du nouveau partenariat pour le développement en Afrique représente le contenu du septième et dernier chapitre du document, qui fait référence à certains fondements et principes liés à la mise en œuvre, comme suit :

  • Préparer un ensemble de programmes urgents mis en œuvre rapidement en coopération avec les partenaires de développement. Il s’agit de programmes spécialisés dans les quatre domaines suivants : les maladies transmissibles - les technologies de l'information et de la communication - la réduction de la dette - l'accès aux marchés.
  • Proposer un certain nombre de projets d'importance vitale pour le développement intégré au niveau régional. Une liste détaillée de ces programmes a été publiée sur le site Web de NEPAD.
  • Établir un organe pour gérer les affaires du NEPAD. À cet égard, le document prévoit la création d'un comité de mise en œuvre des chefs d'État africains composé des chefs de dix pays, deux pays pour chacune des cinq régions d'Afrique, en plus des cinq pays fondateurs du NEPAD : l'Algérie, l'Afrique du Sud, le Nigeria, le Sénégal, l'Egypte.

 

Le NEPAD comprend un certain nombre d'organes principaux et de comités associés pour atteindre ses objectifs, ce sont :

 

Le comité présidentiel de mise en œuvre :

Il comprend les chefs des cinq pays qui ont lancé l'initiative, ainsi que les chefs de 15 autres pays représentant les cinq régions géographiques du continent, avec 4 pays pour chaque région. Des élections ont lieu périodiquement pour que les pays africains adhèrent au comité pour une période de deux ans sur la base de consultations régionales au sein de l'Union. Le comité est chargé de promouvoir l'initiative, d'obtenir le soutien international, de définir les politiques et les priorités de son programme de travail et de suivre leur mise en œuvre, et de donner des rapports périodiques de ses travaux au Sommet de l’Union africaine.

 

Le comité de pilotage :

Il est composé de représentants des chefs d'État membres du Comité de mise en œuvre et est chargé de préparer des plans détaillés du programme de travail et des actions de mise en œuvre de l'initiative. En plus de son rôle de gestion du dialogue avec les partenaires du développement - au niveau des représentants personnels - pour obtenir le soutien et l'appui du G8 et des pays développés aux efforts de l'Afrique pour réaliser le développement du continent.  ‏

Le mécanisme africain d’évaluation les homologues :

Il est composé des chefs d’État et de gouvernement membres du mécanisme.  Sa création est basée sur la déclaration du sommet de l'Union africaine à Durban en 2002, concernant la démocratie et la bonne gouvernance.  Cela signifie un mécanisme de sélection et d'évaluation des performances de l'État par d'autres pays. Le but suprême de ce mécanisme est d'aider l'État soumis au processus d'examen à améliorer ses performances de développement dans le processus de prise de décision et à choisir les meilleurs moyens avec des engagements aux normes et principes reconnus.  Il est composé de chefs d'État et de gouvernement membres du mécanisme. L'Égypte a rejoint le mécanisme en mars 2004.

 

Le secrétariat :

Situé à Pretoria, il travaille comme un organe technique pour assister les comités de mise en œuvre et de gestion pour réaliser leurs tâches.

Environ un an après son lancement, l'Assemblée générale des Nations Unies a organisé un dialogue de haut niveau sur le NEPAD le 16 septembre 2002, puis a adopté le NEPAD en novembre de la même année comme cadre pour le développement de l'Afrique et a appelé les organes des Nations Unies, leurs agences spécialisées et autres partenaires de développement à harmoniser ses programmes visant à soutenir les efforts de développement en Afrique avec les programmes de travail du NEPAD. Pour compléter cette décision, le Secrétaire général des Nations Unies prépare un rapport périodique sur les progrès réalisés dans mettre en œuvre l'initiative, en fonction des réponses qu'il reçoit des différentes parties.

Le NEPAD organise des sommets annuelles entre les chefs des cinq pays de l'initiative et les dirigeants des pays du groupe, qui ont commencé par le sommet de Gênes en juillet 2001, dans le but d'examiner les moyens de soutenir les efforts africains visant à mettre en œuvre l'initiative. La plus importante de ces réunions a été le sommet de Kanataskis de 2002. Il a donné naissance au plan d'action pour l'Afrique, comme un programme de travail conjoint visant à soutenir la mise en œuvre du NEPAD. 

Ainsi que les réunions périodiques réunissant des représentants des chefs des cinq pays membres du Comité de la gestion du NEPAD et des représentants personnels des dirigeants des pays du groupe, pour discuter des moyens de coopération pour soutenir la mise en œuvre des programmes de travail et suivre aux recommandations et décisions émises par le sommet.  ‏

L'Égypte accorde une grande attention au NEPAD, en soutenant ses stratégies et ses projets visant à contribuer au développement du continent africain, sur la base que l'Égypte est l'un des pays fondateurs de l'initiative. Ainsi que par son souci de préserver l'histoire de succès que le NEPAD a commencé comme une marque de distinction dans les sujets et les efforts de développement de l'Afrique, à travers son rôle fondamental en maximisant la coopération et l'intégration entre les pays africains pour faire face aux problèmes du continent tel que la pauvreté croissante et la baisse du taux de développement. L'Égypte joue un rôle efficace et de leadership dans la formulation les programmes du développement social et économique en Afrique, qui a apparu dans sa participation au lancement et au soutien de l'Initiative du NEPAD jusqu'à se présenter comme la principale entité africaine chargée de montrer les défis du développement du continent aux niveaux africain et international.

 La deuxième conférence du NEPAD a été ouverte en mai 2017 et tenue pour la première fois en Égypte avec la participation de 17 pays africains.

En septembre 2018, le Nouveau Partenariat pour le développement en Afrique (NEPAD) a honoré l’Égypte dans le cadre des activités de la Conférence des ministres africains de l’environnement à Nairobi, la capitale du Kenya, reconnaissant les efforts déployés par l’Égypte dans le domaine de l’environnement en Afrique pendant la présidence égyptienne de la conférence de 2015 à 2017.

 En février 2023, l’Égypte a mené la présidence du Comité directeur de l’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD) après le président rwandais Paul Kagame, pour une période de deux ans, avec l’accord unanime des membres du comité pour soutenir la candidature égyptienne.  Cela intervient lors de la participation du Président Abdel Fattah El-Sissi, via la technologie de vidéoconférence, aux travaux de la quarantième session du Comité directeur des chefs d'État et de gouvernements de l'Agence de développement de l'Union africaine (AUDA-NEPAD), qui a été tenue avec la participation de Chefs d'État et de gouvernements africains membres du comité.

 

 Les sources

  • Le site de la Présidence de la République Arabe d'Egypte.
  • Le site de l'Autorité générale d'information.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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