« Fayoum » le paradis du désert des pharaons et des amateurs de safari

« Fayoum » le paradis du désert des pharaons et des amateurs de safari

Les lacs et les vallées au riche passé abritent de nombreuses attractions à travers différentes époques – pharaonique, grecque, romaine, copte et islamique – avec leurs dunes de sable, palmiers, lacs, vallées, animaux sauvages et diverses espèces d’oiseaux. C’est véritablement la terre de la nature et de l’histoire. Les scientifiques la surnomment « la Petite Égypte ». 

Situé à une centaine de kilomètres au sud-ouest du Caire et bénéficiant d’un climat modéré toute l’année, le gouvernorat du Fayoum se trouve au centre de l’Égypte. Il est implanté à l’ouest du Nil, au cœur du désert, et constitue un carrefour reliant Saqqarah, Dahchour, Wasti, Meidoum, Sadmant al-Jabal, Wadi El Rayan et l’oasis de Bahariya. 

Le Fayoum est particulièrement célèbre pour ses roues hydrauliques en bois local, uniques en Égypte, qui fonctionnent toute l’année. On en compte environ 200, dispersées dans les champs le long des voies navigables. 

 

L’origine du nom Fayoum 

Le Fayoum plonge ses racines dans l’histoire. Autrefois, il était appelé « mer », car l’eau recouvrait toute la région. Il fut ensuite nommé Chedit ou Chdat, signifiant « île », puisqu’il se situait dans le lac Moeris. Son nom religieux, Per Sobek, signifie « la maison du crocodile », Sobek étant la divinité vénérée par les habitants. Les Romains l’appelèrent ainsi Crocodilopolis (« la ville du crocodile »). 

Au début de l’ère ptolémaïque, Ptolémée II Philadelphe donna à la ville le nom d’Arsinoé, en hommage à son épouse. Plus tard, elle prit le nom de Phiom, formé de deux éléments : pi (« le lieu ») et im (« mer » ou « lac »). De Phiom, les Arabes forgèrent le nom actuel Fayoum, auquel ils ajoutèrent l’article défini « al- », comme pour de nombreuses villes et villages égyptiens. 

Le Fayoum est une vaste dépression au sein du plateau calcaire du désert occidental, entourée de désert de tous côtés sauf au sud-est. Sa superficie totale est de 6 068,70 km². La majeure partie de ses terres se situe en dessous du niveau de la mer, ce qui en fait une zone de drainage interne. Cependant, elle diffère du désert occidental par son lien avec le Nil à travers le canal Bahr Youssef, qui, en apportant le limon venu d’Éthiopie, a fertilisé ses terres. Le Fayoum est donc considéré comme une extension de la vallée du Nil. Cette formation géologique s’est façonnée au fil du temps, sous l’effet conjugué de l’érosion, de l’air et d’autres facteurs naturels, en surface comme en profondeur. 

Le Fayoum offre un large éventail de ressources qui favorisent différents types de tourisme : écotourisme, safaris, tourisme culturel et tourisme de loisirs. 

 

Les attractions touristiques les plus importantes du Fayoum 

Le Fayoum faisait partie du vingtième district de la Haute-Égypte, dont la capitale était Ihnasiya. La région connut son apogée à l’époque pharaonique, comme en témoignent de nombreux vestiges révélant son importance historique, parmi lesquels : 

La pyramide de Silla : située sur la bordure orientale de la dépression du Fayoum, elle est érigée sur une grande hauteur, en forme de pyramide à degrés, et remonte à la IIIᵉ dynastie. 

Le temple de Qasr El-Sagha : édifice en calcaire et en grès, construit à 8 km au nord du lac Qaroun. 

Kiman Fares : considéré comme l’origine de l’ancienne ville du Fayoum, ce site fut fondé sous la Vᵉ dynastie et connut une grande prospérité à l’époque de la XIIᵉ dynastie. Le roi Amenemhat III y érigea un temple dédié au dieu Sobek. La ville porta d’abord le nom de Chedet, puis celui d’Arsinoé en l’honneur de l’épouse du souverain. On y a retrouvé une statue en granit noir d’Amenemhat III, ainsi que des papyrus, des monnaies en bronze et des statuettes en poterie. 

L’obélisque de Sésostris : ce socle en granit, haut de 13 mètres, présente un sommet arrondi percé d’un trou destiné à recevoir une couronne ou une statue royale. Il fut érigé par le roi Sésostris Iᵉʳ de la XIIᵉ dynastie pour commémorer le début de la mise en valeur agricole du Fayoum. Déplacé de son site d’origine, dans le village d’Abgig, il fut installé en 1972 à l’entrée de la ville du Fayoum. 

La pyramide de Hawara : située dans le village de Hawara, à 9 km au sud-est de la ville du Fayoum, elle fut construite par le roi Amenemhat III de la XIIᵉ dynastie. Édifiée en briques crues puis recouverte de calcaire, elle s’élève à 58 mètres de hauteur. 

Les ruines de la ville de Madi : localisées à environ 35 km au sud-ouest de la ville du Fayoum, elles comprennent les vestiges d’un grand temple datant de la XIIᵉ dynastie, construit par les rois Amenemhat III et IV. Ce site est considéré comme le plus grand temple subsistant du Moyen Empire en Égypte. 

La pyramide de Lahun : monument en briques crues recouvert de calcaire, mesurant 48 mètres de hauteur et 106 mètres de base. Son entrée se trouve sur la face sud. Elle fut construite par le roi Sésostris II de la XIIᵉ dynastie, à 22 km au sud-est de la ville du Fayoum. 

Les socles des statues d’Amenemhat II : situés dans le village de Behmo, à 7 km de la ville du Fayoum, ces deux socles en calcaire supportaient à l’origine deux statues colossales du roi Amenemhat II et de son épouse, sculptées en quartz, qui dominaient l’ancien lac Moeris (lac Qaroun). 

 

Antiquités gréco-romaines 

La région du Fayoum conserve plusieurs sites archéologiques témoignant de la civilisation gréco-romaine, parmi lesquels : 

Le temple de Qasr Qaroun : situé sur la rive sud-ouest du lac Qaroun, à 50 km de la ville du Fayoum. 

Batn Ihrit : vestiges d’un ancien village établi à l’époque ptolémaïque, au nord-ouest du Fayoum, où des inscriptions et des papyrus ont été découverts. 

La ville de Karanis : localisée sur la route désertique reliant le Fayoum au Caire, à 33 km du Fayoum et 109 km du Caire. Datant du IIIᵉ siècle av. J.-C., elle comprend les ruines de deux temples dédiés au dieu Sobek (le crocodile), divinité locale, ainsi qu’un bain romain et un ensemble de maisons. En face du site se trouvent également les cimetières de la ville. 

 

Antiquités coptes 

Le Fayoum est également riche en églises et monastères anciens, parmi lesquels : 

Le monastère d’Al-Azab : ancien monastère remontant à l’époque romaine, situé dans le village d’Al-Azab, à 5 km au sud du Fayoum. Il était connu sous le nom de monastère de la Vierge Marie et du martyr Abou Sefein. Plus tard, il fut appelé monastère de Saint-Abram, car son corps y reposait. 

Le monastère de l’Archange Gabriel à Jabal al-Naqloun : situé à 16 km au sud-est du Fayoum, au centre d’Itsa, il fut fondé au IIIᵉ siècle. Il est aussi appelé monastère d’Abou Khashaba. Il s’agit du seul monastère en Égypte qui poste le nom de l’ange Gabriel. 

 

Antiquités islamiques

Mosquée du prince Suleiman : sa construction remonte au début de l’époque ottomane, au mois de Rajab de l’an 966 H / 1560 apr. J.-C. Située au centre de la ville du Fayoum, elle était connue sous le nom d’Al-Mu‘allaq, ou « la mosquée suspendue », en raison de son élévation au-dessus du sol. Elle fut édifiée sur ordre du prince Suleiman Bin Janem Bin Qasrouh.

Mosquée Khawand Aslbay : Fondée par Khawand Aslbay, épouse du sultan Qaytbay, durant le règne de son fils, le sultan Al-Nasir Muhammad ibn Qaytbay.

Mosquée Cheikh Ali Al-Rubi : Édifiée au VIIIᵉ siècle de l’Hégire, sous le premier règne du sultan Al-Nasir Muhammad ibn Qalawun. Le cheikh Ali Al-Rubi, fondateur de la mosquée, descendait d’Abdallah ibn Abbas, oncle du Prophète (que la paix et la bénédiction soient sur lui), rattachant ainsi sa lignée à la maison abbasside.

 

Repères culturels du Fayoum :

Roues hydrauliques : les roues hydrauliques sont considérées comme l’un des monuments les plus importants du gouvernorat du Fayoum, car c’est le seul gouvernorat en Égypte qui possède ce type de cascade. En raison de leur rôle dans la propagation de la verdure et de l’agriculture dans le Fayoum, elles ont été adoptées comme emblème du gouvernorat.

Pigeons du Fayoum : les pigeonniers sont l’une des caractéristiques touristiques qui distinguaient le gouvernorat du Fayoum des autres gouvernorats dans les époques passées. L’intérêt pour eux a progressivement diminué jusqu’à ce que leur nombre devienne très limité, surtout après le déclin du passe-temps de l’élevage d’oiseaux. Ces tours étaient les plus célèbres après les tours du château, mais les modèles des tours du Fayoum ont une forme différente, dont le plus célèbre est le pigeonnier du village de Bani Saleh, sur la route Fayoum-Vidmin.

 

La réserve de Qaroun :

La réserve dépend administrativement du centre de Youssef Al-Siddiq et a pour cœur le lac Qarun, vestige de l’ancien lac Maurice. Considéré comme l’un des plus anciens lacs naturels du monde, il fut autrefois beaucoup plus vaste et profond (2 800 km², soit plus de cent fois la superficie actuelle), servant de riche centre de pêche. Certains récits l’associent à un lac artificiel creusé par des mains humaines sous le règne du roi Aménophis.

Aujourd’hui, le lac Qarun est un lac intérieur isolé de la mer, avec une superficie d’environ 250 km² (55 000 acres).

 

La vallée de Rayan

C’est une dépression calcaire profonde. La réserve est située à environ 170 km du Caire, au sud-ouest de la dépression du Fayoum. Elle dépend administrativement du centre de Yusuf Al-Siddiq et sa superficie totale est estimée à environ 1 759 km². La vallée est célèbre pour ses nombreuses chutes d’eau et sa beauté naturelle, car elle constitue un environnement propice aux animaux sauvages et aux oiseaux migrateurs.

Les deux lacs de Wadi El-Rayan ont commencé à se former en 1973, lorsque la dépression désertique de la vallée a été inondée par l’excès d’eau de drainage agricole. Le lac supérieur s’est formé avec une superficie d’environ 55 km² et le lac inférieur avec une superficie d’environ 58 km². Des roselières ont poussé autour de leurs rives, offrant un environnement naturel, calme et non pollué. Entre les deux lacs se trouvent les célèbres cascades de Wadi El-Rayan.

 

Vallée des baleines

Wadi Al-Hitan est situé dans la zone « Gheirat of Hell », au nord-ouest de la réserve de Wadi El-Rayan. Il contient des restes fossilisés datant d’environ 40 millions d’années : squelettes de baleines primitives, dents de requins, coquillages et autres espèces marines disparues.

Ce site illustre l’une des étapes les plus importantes de l’évolution des baleines, lorsqu’elles sont passées de mammifères terrestres à mammifères marins. C’est le plus grand site au monde témoin de cette étape d’évolution, car il reflète la nature des baleines et leur mode de vie au cours de leur période de transformation.

Les sources naturelles

Il existe de nombreuses sources naturelles dans le Fayoum, dont les plus célèbres sont :

  • Ain al-Silin
  • Ain al-Shaer
  • Baymo
  • Mandara
  • Al-Saeeda
  • Mansha’at Abdul Majeed
  • Les sources de la région d’al-Rayan

Les sources de Silin et d’al-Shaer étaient les plus célèbres, mais le débit de la source de Silin a diminué, tandis que celle d’al-Shaer a cessé de jaillir complètement après le tremblement de terre de 1992.

Les portraits du Fayoum :

Le Fayoum est unique grâce aux célèbres portraits du Fayoum, considérés comme les plus anciennes images colorées de personnes au monde. Les artistes avaient l’habitude de les préparer pour les jeunes afin que, s’ils mouraient, les images soient placées sur les cercueils pour identifier l’âme de leur propriétaire le Jour de la Résurrection. 

 

L'histoire des villages du Fayoum 

Les villages du Fayoum ont un caractère architectural distinct, en particulier ceux construits en boue et dômes. Ces dessins apparaissent clairement dans le village de Tunis, situé à l’est de la ville de Fayoum, à 55 km du centre de Youssef Al-Siddiq. 

Il comprend des maisons suivant la même approche architecturale de l’architecte international Hassan Fathi, dont la construction se distingue par l’utilisation de boue et de dômes, permettant aux habitations de rester fraîches en été et chaudes en hiver. 

Sa conception tient compte du style rustique simple, combinant la splendeur du dessin, de la peinture et des inscriptions exprimant toutes les époques de la civilisation égyptienne. L’architecture se caractérise par une élévation limitée à un étage, avec une cour intérieure entourée des pièces de la maison, assurant intimité, espace et confort à ses habitants, en plus des habitations traditionnelles des paysans du village. 

 

Sources:

Site de l’Université du Fayoum

Le site Web du Service d’information de l’État