Damiette où la Méditerranée conflue du Nil

Damiette où la Méditerranée conflue du Nil
Damiette où la Méditerranée conflue du Nil
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Damiette où la Méditerranée conflue du Nil
Damiette où la Méditerranée conflue du Nil
Damiette où la Méditerranée conflue du Nil

Traduit par : Omnia Mohamed

Révisé par : Omaima Ahmed Tolba

Le gouvernorat de Damiette est l’un des plus importants gouvernorats de l’Égypte ancienne et moderne. Il est situé dans la partie nord-est du delta, sur une superficie de 1029 km². Le Nil traverse le gouvernorat de Damiette ; il est bordé à l’est par le gouvernorat de Port-Saïd, à l’ouest et au sud par Dakahlia, et au nord par la mer Méditerranée. 

Damiette plonge ses racines dans les profondeurs de l’histoire : son histoire remonte à l’époque pharaonique. Le gouvernorat était appelé « Tamahit » ou « Tam Athy » par les Pharaons, ce qui signifie « l’ancien pays égyptien du nord », et « Dmtio », c’est-à-dire « les habitants du port ». À l’époque gréco-romaine, il fut appelé « Tamiyats », et à l’époque copte « Tamiyat », ce qui signifie en langue égyptienne ancienne « la terre qui produit le lin ». 

Quant à la conquête islamique, en 642 après J.-C., Miqdad Ibn al-Aswad conquit Damiette à la tête des armées d’Amr Ibn al-As, lorsque les Arabes dominaient les couloirs du Nil jusqu’à la Méditerranée. Les musulmans continuèrent à dominer Damiette jusqu’à l’arrivée des Romains en l’an 90 après l’Hégire. 

En l’an 238 après l’أégire, sous le règne du calife abbasside Abù al-Fadl Jaıafar al-Mutawakkil ala Allah, les Romains lancèrent une invasion maritime soudaine contre Damiette. Ils arrivèrent avec 300 navires et 5 000 soldats. Ils massacrèrent un grand nombre d’habitants, incendièrent les mosquées et les minbars, capturèrent environ 600 femmes musulmanes et s’emparèrent d’importantes sommes d’argent et de munitions. La population prit la fuite devant eux, et les soldats romains purent finalement retourner victorieux dans leur pays. 

Pendant les croisades, en 1170, les Francs entrèrent à Damiette et assiégèrent la ville par terre et par mer. Salah Eddine al-Ayoubi, dont les ordres n’étaient jamais désobéis, envoya ses soldats dans cette ville par le Nil, les approvisionna en armes, munitions et argent. Informé que les Francs visaient Damiette, il se prépara à équiper les hommes et à rassembler les engins de guerre ; il soutint ses soldats par de nombreux dons et leur promit un renfort en hommes si les Francs arrivaient. Lorsque ces derniers parvinrent à Damiette, les offensives et les combats s’intensifièrent. Parallèlement, Salah Eddine menait des raids à l’extérieur tandis que les soldats combattaient à l’intérieur. Finalement, Salah Eddine les vainquit et ils se retirèrent bredouilles : leurs catapultes furent brûlées, leurs machines pillées et un grand nombre de leurs soldats furent tués. De son côté, Nour Eddine sortit de Damas pour combattre les croisés, qui furent contraints de se retirer après avoir perdu plusieurs navires et avoir été frappés par une épidémie. Par ailleurs, al-Malik al-Kamil entra dans Damiette et des missives furent envoyées à tous les pays islamiques. 

Le 4 juin 1249, les croisés revinrent envahir l’Égypte à travers Damiette, à la tête d’une campagne dirigée par le roi français Louis IX. Cette campagne atteignit les plages de Damiette. Les habitants de la ville offrirent un modèle exemplaire d’héroïsme et de sacrifices dans leur combat contre les croisés, jusqu’à ce que les défaites successives s’abattent sur les armées franques, de leur défaite à Faraskur jusqu’à celle de Mansourah. Le roi français Louis IX fut capturé et emprisonné à Dar Ibn Luqman à Mansourah. Il se racheta lui-même ainsi que ses hommes pour une somme de 400 livres égyptiennes, en échange de l’évacuation de Damiette. Enfin, la ville fut évacuée le 8 mai 1250, une date devenue fête nationale du gouvernorat. 

Damiette fut un grand entrepôt de produits tels que le riz ; des canaux, des ponts et une usine textile y furent créés. 

Au XXᵉ siècle, Damiette s’inscrivait dans le cortège de la civilisation moderne grâce à l’augmentation des superficies cultivées en coton et au creusement du canal « al-Riyah al-Tawfiqi ». Cependant, le commerce et la navigation furent interrompus à cause du déclenchement de la Première Guerre mondiale et de la coupure des importations de meubles et de chaussures européens. Face à cela, les ateliers artisanaux de Damiette prospérèrent, perfectionnant leur production. En 1945, Damiette fut érigée en « mudiriya » (circonscription administrative) indépendante. Après la Révolution du 23 juillet 1952, le décret républicain nᵒ 1755, promulgué par le président Gamal Abdel Nasser en 1960, éleva Damiette au rang de gouvernorat.  

Damiette comprend plusieurs centres administratifs :  

Centre Damiette  

 Le centre Damiette comprend : 

  •  Ville de Damiette : C'est la capitale du gouvernorat et l’une des cités les plus anciennes, dont l’histoire remonte à l’époque pharaonique. Elle est située sur la rive orientale de la branche de Damiette du Nil, à 191 km du Caire par la route.  
  • Ville de Ras El Bar : c’est une île en forme de triangle, située sur le Nil, et caractérisée par un air pur, sec et iodé. Elle est surtout réputée pour la villégiature et le tourisme. Cette ville se trouve à 204 km du Caire par la route.  
  • Ville d’Ezbet al-Burj : elle doit son nom à une tour érigée à l’entrée du Boghaz de Damiette en 1215, sous le règne d’al-Malik al-Kamil. Cette ville se trouve au nord de Damiette, à environ 15 km, sur la rive orientale du Nil, à son embouchure dans la Méditerranée.  

Ce centre comprend de nombreux villages, parmi lesquels : al-Khayata, al-Shu‘ara, al-‘Ananya, al-Sananiya, Ezbet al-Nahda, Ghit al-Nasara, al-Cheikh Durgham, Basarta et al-Sayala.  

  

Centre et ville de Faraskur  

En 1840, la préfecture de Faraskur fut créée et, en 1870, elle devint un centre comprenant deux villes :  

  • Ville de Faraskur : l’une des cités anciennes, dont le nom est composé de deux mots « Faras-Kur », signifiant « chevalier de la ville ». Faraskur se situe au sud de Damiette, à environ 15 km, sur la rive orientale du Nil.  
  • Ville de Rawda : autrefois connue sous le nom de « Kourbet al-Haga », elle fut renommée « al-Rawda » en raison de la nature verdoyante qui l’entoure. Elle devint officiellement une ville en 1990.  

Le centre de Faraskur regroupe de nombreux villages, dont : Sherbas, al-Rahamna, al-‘Obaidiya, al-Barashiya, al-Ghawabin, al-Ghunaymiya, al-Dahra, Kafr al-‘Arab, al-Nassiriya, Taftish, al-Sirw, Karam, Zarouk et al-‘Atwa.  

 

Centre et ville de Zarka

Le centre Zarka comprend : 

  • Ville de Zarka : nommée en raison d’un tourbillon dans le Nil qui apparaît bleu aux yeux des spectateurs, elle est située au sud du gouvernorat. En mars 1975, le décret républicain n°295 la transforma en ville.  
  • Ville d’al-Sirw : dont le nom signifie « terre élevée », elle fut transformée en ville en 1990. Située au sud du gouvernorat, elle est construite en demi-cercle le long du Nil.  

Ce centre comprend également plusieurs villages, tels que : Mit al-Khouly ‘Abdallah, Sharmsah, Dakahla, Sayf al-Din, Kafr al-Maysara et al-Kashif al-Jadida.  

 

Centre et ville de Kafr-Sa‘ad  

Ce centre comprend :  

  • Ville de Kafr-Sa‘ad : créée en 1960, elle est bordée au nord par le village d’al-Riyad, au sud par Kafr-Sa‘ad al-Balad, à l’est par le canal de Blamon et à l’ouest par al-Mahmoudia.  
  • Ville de Kafr al-Batikh : son nom provient de sa grande renommée dans la culture de la pastèque. Elle est considérée comme la grande porte de Damiette.  
  • Ville de Mit Abou Ghalib : anciennement appelée «Maniet Ghalib» car elle servait de mouillage aux voiliers parcourant le Nil. Elle se situe à 25 km de Damiette et à 15 km de Kafr-Sa‘ad.  

Ce centre comprend également de nombreux villages, tels que : Kafr-Sa‘ad al-Balad, Kafour al-Gab, Kafr al-Wastani, al-Mohammédia, al-Rakawia, Kafr Suleiman al-Bahri, al-Sawalem, al-Riyad, al-Basatine, Kafr Chehata, Kafr al-Manazla, Om al-Rida, Mit Abou Ghalib, Om al-Rizk et al-Abbassia. 

 

En 1980, la décision du Conseil des ministres nᵒ 546 a considéré le port et la ville nouvelle de Damiette comme une nouvelle communauté urbaine. Située au nord ouest du gouvernorat, sur la côte méditerranéenne, elle se trouve à 14 km de Damiette et également à 14 km de Ras El Bar. 

Damiette est réputée pour son industrie du meuble, ses pâtisseries, ses textiles, ses produits laitiers, la construction navale, la pêche et la fabrication de chaussures. Elle compte plusieurs zones industrielles, ainsi qu’une importante activité agricole, notamment les plantations de goyaves et de palmiers dattiers, qui attirent l’attention des touristes. 

Ces plantations couvrent une vaste superficie s’étendant d’est en ouest et attirent les amateurs de tourisme et de villégiature. La partie sud-ouest comprend de nombreux jardins et vergers. 

On y trouve aussi de longues plages surplombant la Méditerranée, dont la station balnéaire de Ras El Bar, l’une des plus célèbres. Située en forme de triangle, sa pointe correspond à la région de Lissane, là où la Méditerranée rencontre le Nil. Elle se caractérise par l’existence d’environ onze marchés publics, parmi lesquels les plus connus sont les marchés 33, 63, 89, 101, ainsi que le marché de la ville des mariées et le marché central. On y trouve également la célèbre rue du Nil, regroupant un grand nombre de commerces, de restaurants et de cafés. 

Damiette inclut plusieurs mosquées et monuments divers, à savoir  

La mosquée Amr ibn al-‘As

La mosquée Amr ibn al-‘As est l’une des plus célèbres et des plus anciennes de la ville. On l’appelle «mosquée al-Fath» (mosquée de la Conquête) en référence à la conquête arabe. 

Construite en 642 sur le modèle de la mosquée Amr ibn al-‘As à Fustat (Égypte ancienne), elle comporte des inscriptions coufiques et des colonnes datant de l’époque romaine. Elle est composée d’un dôme central entouré de quatre iwans (grandes salles voûtées). L’entrée principale se trouve du côté ouest, se distinguant par son relief. À proximité se situait la salle du minaret carré, détruit lors d’un séisme survenu dans l’Antiquité. 

Lorsque Jean de Brienne s’empara de Damiette en 1219, la mosquée fut transformée en église. En 1221, après le départ des croisés, elle retrouva sa fonction initiale. En 1249, Louis IX transforma à nouveau la mosquée en cathédrale, où se déroulaient de grandes cérémonies religieuses en présence du vice-pape. L’un des événements marquants fut le baptême de son fils, «Yohanna», surnommé «Attristant» (le triste), en raison des horreurs de la guerre qui accompagnaient sa naissance. 

 

La mosquée Abou al-Ma‘ati 

Elle jouxte la mosquée Amr ibn al-‘As. Elle a été édifiée par Fâtih al-Asmar al-Takruri (Abou al-Ma‘ati), originaire du Maroc. 

La mosquée al-Mo‘eini 

Construite en 1310 (810 H) par Mohamed Mo‘in al-Din, l’un des commerçants de Damiette, sous le règne d’al-Nâsir Qalâwûn, elle se distingue par la monumentalité de sa construction, la hauteur de ses murs et de son minaret. Elle comprend quatre iwans, dont le plus grand est l’iwan de la qibla. Tous les plafonds sont ornés de magnifiques décorations. 

Le mausolée de Gamal al-Din Shiha 

Ce mausolée constitue un petit sanctuaire, situé près du mausolée d’Abou al-Ma‘ati, et il abrite des armes anciennes, telles que des lances et des gaines de cuir, considérées comme celles de Gamal al-Din Shiha, avec lesquelles il combattit les croisés à Damiette. Il est rapporté que le sultan al-Zâhir Baybars assista à sa mort à Damiette et fit ériger ce mausolée en son honneur au VIIᵉ siècle de l’Hégire. 

La mosquée al-Bahr 

Située sur la rive orientale du Nil, elle fut restaurée pour la première fois en 1009 H, à l’époque ottomane, sur une superficie de 1 200 m² dans le style andalou. Elle fut reconstruite une deuxième fois en 1967, puis restaurée en 1997. La mosquée est décorée de splendides motifs islamiques et comprend cinq coupoles, deux minarets, ainsi qu’une bibliothèque culturelle et religieuse. 

La mosquée et le mausolée de Chata 

Parmi les sanctuaires religieux les plus anciens, situés à Ezbet Chata, connue à l’époque romaine sous le nom de «Sata». Le site porte le nom du cheikh Chata, martyrisé par al-Hamok en 642 lors de la bataille de Tinnis, au moment de la conquête arabe. 

La zawiya al-Radwaniya 

Elle constitue l’une des mosquées islamiques les plus anciennes, dont l’histoire remonte à avant 1039 de l’Hégire. Elle abrite également le dôme al-Ansari, datant de l’époque ottomane, construit sur une pièce surélevée provenant de la zawiya al-Ansari de la ville de Faraskur. L’édifice comprend aussi une maqsoura en bois incrusté. 

Dôme d’al-Dyasti 

Ce dôme, de forme polygonale, est situé à Faraskur, surélevé sur une chambre, et remonte à l’époque ottomane. À Ezbet al-Burj se trouve la forteresse d‘Orabi (Tabiyat Orabi), construite au XVIIIᵉ siècle, faisant partie des fortifications érigées pour protéger l’Égypte des invasions maritimes. Elle comprend des remparts, des tours de défense, des miradors, des casernes pour les soldats ainsi qu’une petite mosquée. 

Tell al-Barashiya 

Situé au sud-est de Faraskur, ce site a révélé les vestiges d’un bain romain doté d’un réservoir souterrain pour stocker l’eau, ainsi qu’une zone résidentielle attenante, ce qui confirme que la région était habitée. Une nécropole au style singulier datant des époques romaine et copte y a également été mise au jour. 

Tell al-Deir  

Elle se trouve au sud de la nouvelle ville de Damiette. Des cercueils et des icônes datant de l’époque romaine y ont été découverts. Aujourd’hui, la zone relève de l’Autorité des Antiquités. 

Les églises de Damiette 

Le gouvernorat de Damiette comprend aussi plusieurs églises, dont l’église de Saint-Marc Georges (Mari Guirguis), construite en 1650, anciennement appelée « Souk al-Laban al-Qadim » (ancien marché du lait). Elle abrite les ossements du saint martyr Mari Guirguis Muzahim, mort au IXe siècle. 
On y trouve également l’église de la Vierge Marie, édifiée en 1745. Elle appartenait aux maronites de Rome et était alors connue sous le nom de « l’église du Navire ». Après la disparition des familles catholiques de Damiette, elle passa aux mains des Coptes orthodoxes. Elle renferme le corps de Saint Mari Sidham Bishay, martyrisé en ce lieu. 

La région d’al-Jarbi 

Depuis l’Antiquité, cette région est réputée pour ses collines sablonneuses sèches, utilisées dans le traitement des rhumatismes par enfouissement. Le sable y contient du thorium, élément employé dans les cures contre les maladies rhumatismales. 

Pour plus de photos, cliquez ici.  

Sources
Journal Al-Ahram

site bureau arabe

site de la voix de la nation