Houari Boumédiène… révolutionnaire ayant renforcé la construction de l’État algérien

Houari Boumédiène… révolutionnaire ayant renforcé la construction de l’État algérien

Mohamed Ben Brahim Boukhrouba, connu sous le nom de “Houari Boumédiène”, est né dans la campagne algérienne le 23 août 1932 et issu d’une famille simple de paysans pauvres. Il a grandi dans une famille religieuse, a connu le Coran par cœur, a étudié l'arabe et, comme ses compatriotes, il était contraint à s’engager dans l'armée française. Il a élaboré un plan pour fuir l'Algérie vers Tunisie jusqu'à son installation en Égypte où il poursuit ses études à l’Université religieuse al-Azhar al-Sharif. Les autorités françaises l’ont suivi après avoir fui le service militaire de l'armée française et ont envoyé un mémorandum à l'ambassade de France en Égypte afin de l’expulser d'Égypte sous le règne du roi Farouk. Or, la glorieuse révolution de juillet dirigée par les officiers libres algériens le sauva et il resta en Égypte.

Le climat politique qui régnait en Égypte après la révolution de juillet 1952 visait à combiner science et lutte politique. Mohamed Boukhrouba a adhéré au Parti populaire algérien - la grande lutte contre le colonialisme - et fut un membre important du Bureau du Maghreb arabe au Caire, créé par le Mouvement national dans la région du Maghreb arabe (Maroc, Algérie et Tunisie) pour coordonner leurs efforts en vue de libérer l'Afrique du Nord du colonialisme français. L’Égypte était à l’époque un incubateur des mouvements de libération arabes et africains, mais aussi l’abri des leaders luttant contre le colonialisme. En plus de Boumédiène, l’Égypte a également accueilli le chef du mouvement de résistance contre la France au Maroc lors de la guerre du Rif, Mohamed Ben Abdelkrim el-Khattabi, leader marocain et l’un des héros de la résistance opposée aux Français. Son asile a été arrangé par le Bureau du Maghreb arabe et la Ligue des États arabes. Le président Gamal Abdel Nasser a ordonné la mise à disposition de toutes les facilités et de l'assistance militaire nécessaires aux révolutionnaires algériens jusqu'à l’accession à l'indépendance.

Boumédiène s’est engagé dans l'armée algérienne de libération nationale - branche armée du Front de libération nationale - dans la région occidentale en 1954, et s'est battu aux côtés d'Ahmed Ben Bella jusqu'à l’accession de l'Algérie à l’indépendance. Pendant sa carrière militaire, il a occupé de hautes fonctions d’État, tel que ministre de la Défense au gouvernement indépendant sous Ben Bella en 1962. Boumédiène surveillait de près la performance de Ben Bella et, bien qu'ils fussent des compagnons dans le processus de libération, Boumédiène n'était pas totalement convaincu du style de gouvernance de Ben Bella. Il décida donc de prendre le pouvoir par un coup d'État militaire contre Ben Bella en 1965, et Boumédiène devient président de la République dans ce qu'on appelait “redressement révolutionnaire” jusqu'à sa mort en 1978.

Boumédiène ne possédait pas le charisme de Ben Bella, mais grâce à ses compétences, à son succès et à sa confiance en soi-même, il a pu acquérir une grande popularité. Dès son entrée en fonction, il a élaboré des plans de développement pour l'Algérie, a maintenu ses programmes et a tiré parti des recettes d'exportation du pétrole et du gaz naturel. Il a également formé un gouvernement de technocrates pour s’employer à développer l'industrie pétrolière nationale. Le programme industriel était diversifié : il alloué près de la moitié des 5 milliards de dollars d’investissements de développement à l’industrialisation durant la période 1970-1973. Il a incité les algériens à participer à la transformation de leur pays en un des plus puissants pays du tiers monde.
Il s'est employé à consolider la révolution agricole par la distribution équitable des moyens de production agricole, en plus de l'amélioration du niveau de vie des paysans, ainsi que le domaine de la culture dans le but de restaurer le caractère national algérien, qui a été effacé par le colonialisme, y compris la langue et la religion. Il s’est également employé à renforcer l’arabisation dans les secteurs de l’administration, des médias et de l’éducation, mais il n’a pas pleinement atteint cet objectif et l’arabisation resta purement formelle.

Au niveaux régional et international, Boumédiène a joué un rôle majeur concernant l’appui des questions de libération nationale, ainsi que la cause palestinienne, déclarant que “l'Algérie est avec la Palestine en toutes circonstances”. L'Algérie était également, sous le règne de Boumédiène, le deuxième pays à avoir soutenu l'Égypte pendant la guerre de 1973. Boumédiène a été le premier président du tiers monde à s'exprimer en arabe aux Nations Unies sur la nécessité d'un nouvel ordre économique mondial mettant fin à l'exploitation des superpuissances aux dépens des pays vulnérables, notant que  Boumédiène a occupé le poste de secrétaire général du Mouvement des non alignés (1973-1976).

Boumediene est décédé le 27 décembre 1978, laissant après sa mort une histoire marquant sa lutte honorable. Il était un combattant patriotique, un fidèle arabe et un africain fier. Il a déclaré : “l'histoire des peuples n’est qu'une série de batailles diverses. Le pays remporte une victoire lors d’une bataille et se réarme pour mener une nouvelle bataille. Nous sommes sortis de la bataille de l'indépendance, ce n'est qu'une arme nécessaire pour mener une autre bataille: celle de la renaissance, du progrès et de la vie.”