« Alexandrie », l’ancienne capitale, la perle de la Méditerranée

« L’Alexandrie », l’ancienne capitale, la perle de la Méditerranée
Alexandrie, berceau de la culture, terre d’histoire, d’amours et de mythes. Son sable a enseveli les monuments et les pas des héros, tandis que ses mers abritent des trésors engloutis.
Parmi les plus grandes cités d’Égypte, Alexandrie est à la fois son principal port et un centre industriel majeur. Elle figure ainsi parmi les plus vastes villes du pays en superficie et en population, après Le Caire, et elle est considérée comme la deuxième capitale d’Égypte. Historiquement, elle fut la capitale principale dès sa fondation par Alexandre le Grand, son bâtisseur, auquel la moitié du monde était soumise. Il choisit pourtant de reposer entre les bras de sa bien-aimée : la ville conserva le secret de son tombeau, peut-être pour toujours, tout en portant son nom.
Située sur la Méditerranée, à l’extrémité du delta du Nil et à environ 183 km au nord-ouest du Caire, la ville se distingue par de nombreux monuments qui en font une destination touristique prisée, ainsi que par ses grands ports maritimes, tels que le port d’Alexandrie et celui de Dekhila. Elle occupe donc une place économique centrale, aussi bien pour les opérations maritimes et le commerce que pour la production artisanale.
L’histoire de la ville
1. L’époque grecque
Sous l’Antiquité, Alexandrie n’existait pas sous sa forme actuelle. Comme l’ont rapporté les savants de l’expédition française dans « L’Encyclopédie de la description de l’Égypte », il ne s’agissait alors que d’un petit village nommé « Ractus » ou « Rakouda », sous domination perse.
Pour vaincre les Perses, Alexandre devait prendre possession de l’Égypte, car ce territoire représentait la clé stratégique du contrôle régional. En 332 av. J.-C., il entra en Égypte où les habitants l’accueillirent comme un pharaon, le proclamèrent fils d’Amon et organisèrent pour lui une cérémonie d’adoption au temple d’Amon. Alexandre le Grand était perçu non comme un colonisateur, mais comme un chef aimé et respecté.
Séduit par le site du petit village, il décida d’y fonder une ville à son nom, qui servirait de lien entre Athènes et l’Égypte et deviendrait la capitale du pays. Il confia sa construction à l’ingénieur Dinocrate, qui la planifia selon le modèle grec, avec des rues régulières, tracées horizontalement et verticalement.
L’ingénieur fit également relier une île appelée « Pharos » au village, en gagnant sur la mer, pour étendre l’urbanisation. Ainsi naquit le port d’Alexandrie, long d’environ 70 km.
D’abord militaire, la cité devint après la mort d’Alexandre la capitale du royaume des Ptolémées. Elle se distingua par ses jardins et ses rues luxueusement pavées de marbre. On y érigea la célèbre Bibliothèque d’Alexandrie, premier institut de recherche du monde antique, qui comptait près de 700 000 volumes couvrant divers domaines scientifiques et philosophiques. Plus qu’une simple bibliothèque, elle constituait une véritable université où se tenaient des conférences et des séminaires.
Les Ptolémées firent également construire le phare d’Alexandrie, l’une des sept merveilles du monde antique, réputé pour sa hauteur impressionnante et la lumière qui guidait les marins vers le port.
En un siècle, Alexandrie devint l’une des plus grandes cités de la Méditerranée et un centre majeur de savoir grec. Les Ptolémées mêlèrent traditions grecques et croyances égyptiennes, tout en tirant profit du commerce croissant entre Rome et l’Orient via le Nil et le canal reliant la mer Rouge. La ville accueillait aussi des cultures variées. Elle abrita une communauté juive et fut un centre d’enseignement pour celle-ci.
2. L’époque romaine et byzantine
Après la mort d’Alexandre le Grand, Cléopâtre, fille de Ptolémée XII, régna sur Alexandrie aux côtés de son frère. Quelques années plus tard, contrainte de quitter la ville à la suite des luttes de pouvoir, elle s’échappa de l’armée qui la poursuivait, avant d’y revenir pour reprendre son trône. Elle fit alors la rencontre de Jules César, qui l’aida à consolider son pouvoir pendant plusieurs années. Mais à l’assassinat de César, c’est Marc Antoine qui prit le relais. Entre lui et Octave, le neveu de César, éclata une guerre acharnée qui se termina par la défaite de Marc Antoine et son suicide. Cléopâtre mourut elle aussi, dans des circonstances entourées de mystère, et Alexandrie passa officiellement sous domination romaine.
À la fin du IVᵉ siècle, des mouvements chrétiens radicaux s’organisèrent contre les derniers foyers de paganisme. Ils mobilisèrent une véritable armée et détruisirent le temple de Sérapis. De violents affrontements éclatèrent également entre gangs rivaux et factions locales. Ces désordres provoquèrent l’exil de Dioscore, alors patriarche (pape) d’Alexandrie. C’est dans ce contexte que s’enracina le mécontentement de la population envers l’autorité byzantine, ouvrant la voie à la conquête perse en 616, puis à la prise définitive de la ville par les Arabes en 642.
3. L’ère islamique
Alexandrie tomba sous domination arabo-islamique sans résistance majeure. Cette conquête entraîna toutefois l’exode d’une partie de la population grecque dirigeante.
Elle prospéra à nouveau en tant que centre commercial, notamment pour les textiles et les produits de luxe, et devint également une base navale essentielle sous les Fatimides puis les Mamelouks. Cependant, la découverte en 1498 par les Portugais d’une route maritime vers l’Inde porta un coup sévère au commerce alexandrin ; ce choc affecta profondément la fortune de la ville et affaiblit le pouvoir mamelouk. Par la suite, l’Égypte fut intégrée à l’Empire ottoman et Alexandrie perdit son rôle central, devenant un port secondaire au sein d’une province placée sous l’autorité ottomane. Au moment de l’expédition de Napoléon en 1798, Alexandrie n’était plus qu’un modeste port ottoman.
4. L’évolution moderne
Pendant la campagne française menée par Napoléon Bonaparte contre l’Égypte, les Anglais et les Russes se tenaient aux côtés des Ottomans pour expulser les Français hors du pays. Cette alliance conduisit à la défaite des troupes françaises et ouvrit la voie à l’entrée de l’Égypte dans une nouvelle phase, marquée par l’ascension de Muhammad Ali au pouvoir en 1805.
Sous son règne, il fit creuser le canal de Mahmoudieh et construisit un vaste arsenal naval. Alexandrie connut alors un véritable renouveau : elle devint non seulement un centre bancaire et commercial de plus en plus important, mais aussi un port à caractère européen, attirant de nombreux commerçants étrangers désireux d’y établir leurs affaires.
Cependant, la ville subit le bombardement de la flotte britannique et fut contrainte de se rendre, passant officiellement sous domination anglaise. Cette occupation dura de longues années, et Alexandrie en souffrit particulièrement, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale.
Après la guerre, la monarchie de l’époque du roi Farouk fut abolie, et la République égyptienne fut proclamée par Gamal Abdel Nasser et le mouvement des Officiers libres. D’importantes réformes suivirent : la réforme agraire, la nationalisation du canal de Suez, ainsi que la construction du haut barrage d’Assouan. Ce dernier permit de mettre fin aux crues du Nil, de protéger l’Égypte de la désertification et d’ouvrir la voie à une ère de prospérité agricole. Grâce à ces transformations, l’Égypte retrouva sa puissance et Alexandrie put s’affirmer à nouveau comme une cité moderne au rayonnement régional.
Les monuments les plus importants d’Alexandrie :
- La Bibliothèque d’Alexandrie
- Musée national d’Alexandrie
- Palais de Montazah
- Citadelle de Qaitbay
- Phare d’Alexandrie
- L’aquarium d’Alexandrie
- La Colonne de Pompée
- Le Théâtre romain
- Musée des bijoux royaux
- Catacombes de Kom el-Shouqafa
Source
L’Encyclopédie de la description de l’Égypte.