Abdel Nasser et la Mauritanie

Écrit par Amr Sabeh

Le Centre culturel égyptien de Mauritanie est le plus ancien centre égyptien et arabe établi dans ce pays africain. L'histoire de sa création remonte à 1963 lorsque le 1er président de la Mauritanie post-indépendance, Moktar Ould Daddah, écrivit une lettre au président Gamal Abdel Nasser pour lui demander d'intervenir afin de restaurer l'identité arabe de la Mauritanie, menacée de  perdre son identité au cas où l'Égypte n'offrirait pas son contrepoids culturel et civilisationnel pour préserver la civilisation arabe en Mauritanie.

En réponse à la demande du président mauritanien, Gamal Abdel Nasser a ordonné la création d’un grand centre culturel égyptien en Mauritanie pour protéger son identité arabe. Le Centre a été doté d'une bibliothèque contenant au total 20 000 livres dans diverses disciplines, ce qui en fait la plus grande bibliothèque de Mauritanie.

Le 6 février 1964, le président désigné mauritanien, Moktar Ould Daddah, a organisé une grande cérémonie pour l'ouverture du Centre culturel égyptien, et le grand poète mauritanien Ahmedou Ould Abdel Kader a récité un poème intitulé "La lumière de l’Orient" pour louer le Centre et l'objectif de sa création.

Les étudiants mauritaniens avaient obtenu un baccalauréat équivalent au diplôme égyptien du Centre; et l'Égypte a continué de recevoir chaque année une mission éducative mauritanienne.  Le grand poète mauritanien «Shaghali Ahmed Mahmoud» a écrit un poème faisant l'éloge de l'Égypte, le président Abdel Nasser - après avoir lu son poème - a appelé le jeune poète à étudier en Égypte. Il est venu en Egypte et a étudié pendant deux ans à la Faculté d'éducation de l'Université Ain Shams.

Le Centre culturel égyptien a été fermé pendant plusieurs années après que le président Sadate a signé le traité de paix avec les sionistes, puis il a été rouvert sous la direction du président Moubarak.

Le Centre culturel égyptien a continué de former des Mauritaniens dans tous les domaines et de leur offrir la possibilité d'étudier en Égypte.  Dans les années 80, le gouvernement mauritanien a été formé dont les ministres étaient tous diplômés des universités égyptiennes.

55 ans après la création du Centre culturel égyptien en Mauritanie sur ordre du président Gamal Abdel Nasser, l'actuel gouvernement mauritanien a décidé de rendre la pareille à l'Égypte en rebaptisant l’avenue Gamal Abdel Nasser. Parmi toutes les rues de Nouakchott, capitale de la Mauritanie, le gouvernement a choisi celle-ci en particulier !!!

Gamal Abdel Nasser, malgré tout, était clairvoyant et conscient de l'importance vitale de l'influence égyptienne dans le monde arabe, le continent africain et le monde islamique. Il a fait ce qu'il fallait en répondant à la demande de la Mauritanie de restaurer son identité arabe;  et certainement il n'attendait pas ou ne cherchait pas un geste en retour, et c'est une rue qui porte son nom.

Les Occidentaux et leurs agents n'oublient pas leurs ennemis, Gamal Abdel Nasser était une icône du projet national et il a vigoureusement lutté contre l'ancien et le nouveau colonialisme occidental, et c'est pourquoi près d'un demi-siècle après sa mort, ils veulent toujours éradiquer son idéologie  et effacer tout ce qui le symbolise, car seule une avenue portant son nom peut inspirer la culture de la résistance contre le colonialisme.

Gamal Abdel Nasser prédit l'avenir quand il a déclaré en 1968 :
“Les américains et leurs agents ne me pardonneront pas ce que je leur ai fait… que je sois mort ou vivant. Après plus de 50 ans, ils n'ont pas oublié ... ils n'ont pas pardonné ... et ils ne pardonneront jamais ".

De rares photos des visites du leader mauritanien Moktar Ould Daddah au Caire en mars 1967, où il a reçu un doctorat honorifique d'Al-Azhar Al-Sharif et a assisté à des réunions élargies avec le président Gamal Abdel Nasser.

L'autre collection de photos est prise à l'aéroport où le président Gamal Abdel Nasser reçoit Ould Daddah pour assister à la Conférence des non-alignés les 3 octobre 1964, octobre 1967 et 7 novembre 1968.