Hoda Shaarawi

Cet article a été traduit par Basmala Mahmoud
Révisé par Aya Mohamad Abdel Fattah
Nour El-Hoda Mohamed Sultan est née le 23 juin 1879 dans un village du gouvernorat de Minya, au sud de l'Égypte. Son père, Mohamed Sultan Pacha, était le président du premier parlement égyptien sous le règne du khédive Tawfiq. À cette époque, connue sous le nom de l'ère du harem en Égypte, la séparation entre hommes et femmes était strictement appliquée, y compris au sein des foyers, où les familles élargies vivaient dans de grandes maisons.
La plupart des femmes étaient privées d’éducation, n’avaient pas le droit d’apparaître en public et quittaient rarement leur domicile. Hoda se sentait frustrée par cette discrimination, surtout après s’être vu refuser une éducation formelle contrairement à son frère, qui bénéficiait d’un traitement privilégié en tant qu’homme. Toutefois, grâce à son appartenance à une classe sociale élevée, elle reçut des cours particuliers dans plusieurs domaines du savoir. Elle apprit notamment l’arabe, le turc, le persan, la calligraphie et le piano.
Hoda fut mariée très jeune, à l’âge de 13 ans, à son cousin Ali Shaarawy, dont elle prit le nom. Son époux, de quarante ans son aîné, lui fut imposé en raison des traditions familiales.
En 1907, elle fonda une association pour la protection de l’enfance. L’année suivante, elle réussit à convaincre l’Université égyptienne d’allouer une salle aux cours destinés aux femmes et, en 1910, elle ouvrit une école pour filles.
L’engagement politique de son mari, Ali Shaarawy, lors de la révolution de 1919 eut une influence majeure sur ses propres activités. Elle participa à la direction des manifestations féminines cette année-là et fonda le Comité des femmes du parti Wafd, dont elle assura la supervision.
Alors que les Égyptiens accueillaient en 1921 le leader national Saad Zaghloul, Hoda Shaarawi revendiqua l’élévation de l’âge minimum du mariage à 16 ans pour les filles et à 18 ans pour les garçons. Elle œuvra inlassablement pour l’éducation des femmes, leur accès aux professions et leur implication dans la vie politique. Ses efforts aboutirent à la création de l’Union féminine égyptienne en 1923, organisation qu’elle dirigea jusqu’en 1947.
En 1925, elle fonda L’Égyptienne, un magazine que Le Figaro qualifia de ligne de démarcation entre l’Orient et l’Occident. En 1937, elle créa un second magazine, Al-Misriyah.
Hoda Shaarawi participa à plusieurs conférences internationales, notamment la première Conférence internationale des femmes à Rome en 1923, où elle fut accompagnée de Nabawiya Musa et Siza Nabrawi, ainsi qu’aux conférences de Paris (1926), Amsterdam et Berlin (1927).
Elle contribua également à la création de l’Union des femmes arabes, dont elle assuma la présidence en 1935. Lors de la 12ᵉ Conférence internationale des femmes, tenue à Istanbul le 18 avril 1935, elle fut élue vice-présidente du Comité de l’Union internationale des femmes.
Fidèle aux traditions de son éducation en Haute-Égypte, Hoda ne mit jamais en avant son illustre lignée, bien que son père fût une figure politique de renom. Elle s’investit dans la mobilisation des femmes en politique à travers l’Union féminine et finança les études d’Égyptiens en France, parmi lesquels l’ancien rédacteur en chef d’Al-Ahram, Ahmed El Sawy.
Femme de principes, dotée d’une grande conscience sociale, elle ne chercha jamais à s’attribuer un rôle qui n’était pas le sien. N’étant pas prédicatrice, elle invitait des universitaires à lire ses discours.
La cause palestinienne lui tenait particulièrement à cœur. En 1938, elle organisa une conférence féminine pour défendre la Palestine et appela les femmes à se mobiliser en collectant des vêtements et du matériel, ainsi qu’en se portant volontaires dans les soins infirmiers et les premiers secours. Lorsque l’ONU publia, en novembre 1947, sa décision de partager la Palestine et d’internationaliser Jérusalem, elle adressa une lettre de vive protestation au siège des Nations unies.
Tout au long de sa vie, Hoda Shaarawi reçut plusieurs distinctions et décorations de l’État égyptien.
Elle s’éteignit le 12 décembre 1947, à l’âge de 68 ans, après une vie de luttes et d’engagement. En son honneur, de nombreuses rues et institutions en Égypte portent son nom. Ses écrits en prose et en poésie furent rassemblés dans l’ouvrage Mémoires de la femme perdue de l’arabisme. Par ailleurs, l’Autorité générale égyptienne des palais culturels publia ses Mémoires dans le cadre de la série Mémoire de l’écriture.