« Comment financer l’Agenda Afrique 2063 ? » dans le cadre des activités de la dixième journée de la Bourse Nasser pour le leadership africain

« Comment financer l’Agenda Afrique 2063 ? » dans le cadre des activités de la dixième journée de la Bourse Nasser pour le leadership africain
« Comment financer l’Agenda Afrique 2063 ? » dans le cadre des activités de la dixième journée de la Bourse Nasser pour le leadership africain
Traduit par : Habiba Abdel Moneim   
Révisé par : Arwa El-Aidy 

 

La Dre Hala Al-Saïd, ministre de la Planification, du Suivi et de la Réforme administrative, a rencontré les jeunes Africains participant à la Bourse Nasser pour le leadership, organisée par le ministère de la Jeunesse et des Sports en coopération avec la Faculté des études supérieures africaines de l’Université du Caire. Elle y a donné une conférence de présentation sur les mécanismes de financement des objectifs de l’Agenda Afrique 2063. 

Au début de son intervention, Mme Al-Saïd a affirmé l’attachement constant de l’Égypte au renforcement de la coopération avec ses pays frères africains dans divers domaines, notamment à la lumière de la présidence égyptienne de l’Union africaine en 2019. Elle a évoqué l’organisation par l’Égypte du premier Forum africain de lutte contre la corruption, tenu à Charm el-Cheikh les 12 et 13 juin courant, sous le haut patronage du Président de la République, avec une large participation de près de 51 pays africains, de 4 pays arabes et de plus de 200 hauts responsables africains. Elle a également mentionné l’accueil prochain par l’Égypte de la Coupe d’Afrique des Nations de football, dans sa 32ᵉ édition, marquée pour la première fois par la participation de 24 équipes nationales, contre 16 lors de l’édition précédente. L’Égypte a mobilisé tous les moyens, en coordination avec l’ensemble des ministères et institutions, pour assurer le succès de ce tournoi et en faire une édition exceptionnelle. Elle a aussi signalé que le ministère de la Planification, du Suivi et de la Réforme administrative prépare l’accueil par l’Égypte de la 40ᵉ session de l’Organisation africaine de l’administration publique durant le dernier trimestre de l’année en cours.

Mme Al-Saïd a expliqué l’importance que l’Égypte accorde à l’organisation de la Bourse Nasser pour le leadership, en raison de son rôle efficace dans la formation d’une nouvelle génération de jeunes leaders africains capables de renforcer les liens entre les peuples du continent et de contribuer à la réalisation du développement et d’un avenir meilleur pour les pays africains.

Elle a souligné que l’Afrique a été pionnière en matière de stratégie de développement durable lorsqu’elle a adopté, en 2013, l’Agenda Afrique 2063, approuvé par l’Union africaine en janvier 2015 comme une stratégie à long terme et progressive pour l’action future. Cet agenda pose les bases d’une transformation économique et sociale intégrée du continent africain sur les cinquante prochaines années.

Elle a précisé que l’Agenda Afrique 2063 est l’aboutissement de nombreux efforts et initiatives visant à réaliser la croissance et le développement durable, notamment : le plan d’action de Lagos (PAL), le traité d’Abuja, le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD) et le Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA), entre autres initiatives et programmes destinés à favoriser le développement du continent.

Dans le cadre de la coordination des plans nationaux et du renforcement de la coopération régionale en Afrique pour parvenir au développement durable, Mme Al-Saïd a évoqué la poursuite des activités dans ce domaine, citant notamment l’organisation du Forum africain pour le développement durable en 2017 à Addis-Abeba, ainsi que celui tenu récemment en avril dernier à Marrakech, au Royaume du Maroc.

Concernant la question du financement, l’un des défis majeurs de la réalisation du développement durable, Mme Al-Saïd a affirmé que le besoin urgent de financement et de mobilisation des ressources nécessaires constitue un élément commun à tous les plans et programmes nationaux, que ce soit dans le cadre onusien de l’Agenda 2030 pour le développement durable ou dans le cadre régional et continental de l’Agenda Afrique 2063. Elle a indiqué que les études et les institutions internationales confirment l’augmentation des besoins financiers pour atteindre les objectifs de développement durable, précisant que des études récentes de la Banque africaine de développement estiment les besoins de financement du continent pour la mise en œuvre des projets d’infrastructures nécessaires au développement entre 130 et 170 milliards de dollars par an, avec un déficit de financement compris entre 68 et 108 milliards de dollars.

Elle a souligné que l’insuffisance de financement a été l’une des principales causes des résultats limités obtenus par de nombreuses initiatives de développement lancées par les pays africains. C’est pourquoi l’Agenda Afrique 2063 a recommandé la réforme du système et des mécanismes de financement des plans de développement.

En ce qui concerne les efforts de l’État égyptien pour parvenir à un développement global et durable, la ministre a indiqué que l’Égypte faisait partie des premiers pays à adopter un plan national pour la réalisation des objectifs onusiens de développement durable, à travers la Stratégie de développement durable « Vision Égypte 2030 », lancée en février 2016 afin de constituer le cadre général des programmes d’action pour les années à venir. Dans un souci de faire de cette vision un document vivant, cohérent et adapté aux évolutions politiques et économiques locales et internationales, le ministère a jugé nécessaire de mettre à jour la stratégie afin de tenir compte des nouveaux enjeux et défis apparus sur la scène égyptienne depuis 2016.

Elle a également insisté sur le fait que l’État égyptien considère la jeunesse comme le présent et l’avenir du processus de développement. À ce titre, il élargit la mise en œuvre de programmes de formation, de renforcement des capacités et d’autonomisation économique des jeunes, en encourageant l’entrepreneuriat et la culture du travail indépendant, en développant les incubateurs d’entreprises et en lançant plusieurs projets et programmes de soutien, dont le programme « Pionniers 2030 ». L’État accorde également une attention particulière au rôle des femmes égyptiennes dans ce domaine.

Mme Al-Saïd a passé en revue les principales mesures, réformes et procédures adoptées par l’État égyptien dans le cadre de la mise en œuvre de la Vision Égypte 2030 et du programme de réforme économique et sociale. Celles-ci comprennent la réforme du cadre législatif et institutionnel par l’adoption d’un ensemble de lois et de législations, le renforcement du cadre juridique favorable au partenariat public-privé, la mise en place des infrastructures nécessaires pour attirer les investisseurs, le développement du secteur des petites et moyennes entreprises, l’intégration du secteur informel dans le secteur formel, ainsi que l’encouragement de l’entrepreneuriat et de la formation pour qualifier les ressources humaines. Ces efforts s’ajoutent à la réforme et à la gouvernance de l’appareil administratif de l’État, à travers la mise en œuvre d’un plan global de réforme administrative concomitant à la préparation du transfert vers la nouvelle capitale administrative. Le gouvernement égyptien adopte également une orientation sérieuse vers la transformation numérique et la réalisation de l’inclusion financière comme l’un des piliers du développement global et durable.

La ministre a ajouté qu’en parallèle de ces efforts, l’État œuvre à la gouvernance des dépenses publiques en développant le système de planification en Égypte afin d’améliorer l’efficacité de l’utilisation des ressources financières disponibles. L’État élargit actuellement l’application de la budgétisation par programmes et par performance comme l’un des objectifs principaux de la politique financière et économique. Dans ce cadre, un système national de planification et de suivi a été mis en place : un outil électronique avancé et innovant, unique en son genre, destiné à surveiller, suivre et évaluer les performances de l’ensemble des institutions de l’État.

Quant aux principaux résultats obtenus à la suite des réformes et mesures adoptées au cours des dernières années, Mme Al-Saïd a indiqué qu’ils comprennent notamment : la réalisation par l’économie égyptienne du taux de croissance annuel le plus élevé depuis dix ans, atteignant 5,6 % au troisième trimestre de l’exercice 2018/2019, dépassant ainsi les taux de croissance des marchés émergents et des pays en développement ; la baisse du taux de chômage à 9,9 % contre 13,2 % en 2013/2014 ; ainsi que la vision optimiste des agences de notation de crédit et des institutions internationales à l’égard de l’économie égyptienne.

Elle a ajouté que, dans la continuité des orientations futures de l’État, les grandes lignes du plan d’investissement pour l’année 2019/2020 ont été définies. Les principaux objectifs de ce plan consistent à atteindre une croissance économique de 6 %, à maîtriser le taux de croissance démographique autour de 2,3 % en 2020, à réaliser des investissements totaux de 1,17 trillion de livres égyptiennes avec un taux de croissance de 26,5 %, à augmenter le volume des investissements publics à 533,6 milliards de livres avec une croissance de 29 %, à porter le taux d’investissement par rapport au PIB à 18,3 % en 2019/2020 contre 17,3 % prévus pour l’exercice en cours 2018/2019 et 16,7 % réalisés en 2017/2018, à réduire le taux de chômage à 9,1 %, et à poursuivre la mise en œuvre des réformes structurelles afin de donner une impulsion au développement des secteurs porteurs à forte valeur ajoutée.

Il convient de noter que la Bourse Nasser pour le leadership est la première initiative africaine visant les jeunes leaders exécutifs africains, issus de spécialités diverses au sein de leurs sociétés. Elle constitue l’un des mécanismes essentiels d’autonomisation pour la transformation africaine tels qu’adoptés par l’Agenda Afrique 2063.

Les objectifs de la Bourse consistent à transmettre l’expérience égyptienne en matière d’enracinement et de construction des institutions nationales, à former une nouvelle génération de jeunes leaders africains transformationnels, dotés d’une vision en adéquation avec les orientations de la présidence égyptienne de l’Union africaine et convaincus de la nécessité de servir les objectifs de l’unité africaine par l’intégration. Elle vise également à enrichir les connaissances des jeunes leaders africains les plus influents à l’échelle du continent à travers la formation, le renforcement des compétences et l’apport de visions stratégiques. La Bourse a ciblé 100 jeunes leaders exécutifs issus des pays de l’Union africaine et s’est déroulée sur une durée de deux semaines, du 8 au 22 juin 2019.